A l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines 2021, ce 6 février 2021, l’ADSF – Agir pour la santé des femmes souhaite interpeller sur la prévalence de ces violences chez les femmes en situation de précarité que nous accompagnons, et aux difficultés qu’elles rencontrent pour accéder à une prise en charge.
L’ADSF vise à améliorer la prise en charge et l’état de santé globale des femmes en situation de grande exclusion en organisant des actions favorisant leur accès à des soins adaptés de droit commun à leur genre et à leur parcours de vie.
Dans notre État des lieux de la santé des femmes en situation de précarité en Île-de-France, à paraître le 8 mars, nous avons constaté que 80% des femmes avaient subi des violences au cours de leur vie. Un quart d’entre elles nous ont dit avoir subi des mutilations génitales féminines (MGF).
Les mutilations génitales féminines sont à l’origine, pour nombre de femmes que nous accompagnons, de parcours d’exil difficiles et sources de nouvelles violences. Les femmes qui en ont été victimes, ou qui les fuient, ont encore trop de difficultés à obtenir l’asile en France. Ces violences sexuelles sont encore taboues, et difficiles à aborder lors de l’entretien individuel à l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatride).
Dans les entretiens médicaux et psychologiques avec les femmes rencontrées en maraude ou en accueil de jour, l’ADSF constate des conséquences dramatiques de ces violences sur la santé physique et mentale des femmes, dont la prise en charge est encore largement insuffisante. Pour les femmes exilées, les bloquants d’accès au système de santé sont tels que des soins urgents, comme ceux que nécessitent des mutilations génitales féminines, sont relégués au dernier rang des priorités de ces femmes, après leur régularisation ou leur hébergement.
Les mutilations génitales féminines doivent être systématiquement reconnues comme un risque, et un motif de fuite, pour les femmes qui s’exilent. Les professionnel·le·s de santé doivent être mieux formé·e·s à les prendre en charge – au-delà de la vaginoplastie comme objectif de « réparation » – notamment d’un point de vue psychologique. Toutes les femmes doivent accéder aux informations nécessaires sur ces violences, pour s’en prévenir ou pour pouvoir se soigner.